ASSE : Eirik Horneland est-il vraiment à la hauteur de la situation ?

La lourde défaite concédée par l’ASSE face à Annecy (4-0) marque un nouveau coup d’arrêt pour le club forézien, déjà en difficulté ces dernières semaines. Eirik Horneland, arrivé cet été avec la promesse d’un renouveau, voit son autorité et sa méthode remises en cause. Les choix tactiques du technicien norvégien, tout comme la dynamique du vestiaire, suscitent de plus en plus d’interrogations parmi les observateurs avertis.
Depuis plusieurs rencontres, la défense stéphanoise, autrefois réputée pour sa solidité, affiche une fébrilité inédite. Dix buts encaissés lors des quatre derniers matches témoignent d’une organisation défaillante, loin des standards attendus. L’absence de certains cadres, tels que Chico Lamba (blessé) ou Maxime Bernauer (suspendu), n’explique pas à elle seule cette instabilité, accentuée par des compositions fluctuantes et des choix de joueurs déconcertants.
Les décisions d’Eirik Horneland en matière de gestion d’effectif interpellent. Face au Mans, la titularisation surprise de Joao Ferreira dans l’axe central s’est soldée par une prestation catastrophique, marquée par deux erreurs décisives. La semaine suivante, Yvann Maçon, écarté depuis l’été, retrouvait brièvement une place de titulaire avant d’être relégué en réserve. Contre Annecy, c’est Dylan Batubinsika, lui aussi mis à l’écart depuis le début de saison, qui réapparaissait dans le onze, sans succès. Ces tentatives de relancer d’anciens cadres s’apparentent davantage à de l’improvisation qu’à une stratégie réfléchie.
Des choix tactiques contestés et une défense en crise
Le projet Horneland, initialement salué pour son exigence et son pressing haut, semble aujourd’hui en perte de vitesse. Les Stéphanois ont une nouvelle fois été dépassés tactiquement par Annecy, incapable de s’adapter aux ajustements de Laurent Guyot. Le scénario s’est répété, comme face à Guingamp ou au Mans : une défense à trois, un bloc axial compact, et une utilisation intelligente des couloirs pour déséquilibrer une équipe stéphanoise trop prévisible.
L’expulsion rapide d’un joueur n’a fait qu’aggraver les faiblesses collectives. Mais c’est surtout la gestion de match d’Horneland qui interroge. À l’issue de la rencontre, le coach s’est contenté d’évoquer un manque « d’état d’esprit », sans s’attarder sur les véritables lacunes tactiques. Ce refus d’autocritique alimente le malaise autour de son management.
Depuis plusieurs semaines, aucune évolution notable n’est observée dans le schéma de jeu. Les ajustements en cours de match se font rares, et le discours du technicien norvégien ne semble plus mobiliser le groupe comme à ses débuts. Quand la confiance s’effrite, la spirale négative s’installe durablement.
Un vestiaire sous tension et des signes d’usure physique
En interne, la lassitude gagne du terrain. Plusieurs joueurs auraient exprimé leur fatigue face aux méthodes d’Horneland. L’un d’eux aurait confié à son entourage être « cuit » et avoir « l’impression d’en être déjà à la 30e journée ». Ces propos traduisent un épuisement lié à une préparation estivale jugée trop intense par certains membres du groupe.
Le manque de rotation et la rigidité des séances d’entraînement accentuent la frustration. Certains éléments, déçus par leur faible temps de jeu, ne cachent plus leur incompréhension. D’autres pointent du doigt l’absence d’adaptation du staff, qui maintient les mêmes routines malgré la dégradation des résultats. Les statistiques sont implacables : trois défaites lors des quatre dernières rencontres, une défense poreuse et un pressing désorganisé.
Le doute s’installe dans les travées de l’Étrat : la confiance envers Horneland s’étiole, et l’adhésion au projet s’effrite. Le collectif semble à court d’idées et de ressources, tant sur le plan physique que mental.
Un calendrier décisif et une pression croissante sur le projet norvégien
Les prochaines échéances s’annoncent cruciales pour l’avenir du technicien norvégien. Les rencontres face à Pau, Red Star et Troyes pourraient sceller le sort d’Horneland à la tête de l’ASSE. Une série positive relancerait la dynamique, mais une nouvelle contre-performance plongerait le club dans une crise profonde.
Les supporters oscillent entre inquiétude et colère. Le projet norvégien, inspiré du modèle scandinave axé sur la rigueur et la transition rapide, peine à s’imposer dans le contexte exigeant du Forez. L’équipe, privée d’identité claire, semble perdre ses repères à chaque match.
Si Eirik Horneland a déjà prouvé sa capacité à redresser des situations complexes, la Ligue 2 et l’environnement stéphanois ne lui offriront pas un délai illimité. Entre la pression populaire et les attentes élevées de la direction, le coach joue désormais ses dernières cartes. La Ligue 2 ne tolère aucune approximation, et chaque point perdu pourrait coûter cher à l’ASSE.