OPINION | Quel bilan pour INEOS à l’OGC Nice ?
Le 26 août 2019, l’OGC Nice basculait sous pavillon britannique et était officiellement racheté par INEOS, présidé par la plus grosse fortune du Royaume-Uni, le milliardaire Jim Ratcliffe. Les supporters niçois avaient alors des étoiles dans les yeux et imaginaient que le meilleur était à venir pour le club azuréen. Quatre ans après, quel bilan pouvons-nous faire de cette collaboration entre un club historique du football français et une entreprise ancrée dans le monde du sport depuis plusieurs années désormais ?
Une instabilité au niveau des entraîneurs
Depuis la prise de pouvoir d’INEOS il y a donc quatre ans jour pour jour, l’OGC Nice a déjà connu six entraîneurs différents: Patrick Vieira, Adrian Ursea, Christophe Galtier, Lucien Favre, Didier Digard et Francesco Farioli, ce dernier étant arrivé début juillet pour démarrer un nouveau cycle avec les Aiglons. A titre de comparaison, entre l’arrivée de Jean-Pierre Rivère à la présidence en 2011 et celle très attendue à l’époque de l’entreprise de pétrochimie en 2019, le Gym n’avait connu que quatre entraîneurs en huit saisons. Il parait donc difficile de construire un projet sur le moyen terme avec autant de changements en si peu de temps.
D’autant que Nice a connu ses meilleures saisons récentes en 2015/2016, saison de la quatrième et dernière année de Claude Puel sur le banc azuréen (4ème avec la 3ème meilleure attaque de Ligue 1), et dans la foulée en 2016/2017 où le Gym termine sur le podium (3ème avec le 4ème meilleur bilan offensif du championnat) sous la houlette de Lucien Favre avec la possibilité sur ces deux saisons de disputer des Coupes d’Europe. Depuis l’arrivée d’INEOS, Nice n’a terminé européen qu’à deux reprises dont une fois en 2020, année qui n’est pas allée à son terme en raison de l’épidémie de COVID-19. Nouveau coach des Aiglons, l’Italien Francesco Farioli (34 ans), inexpérimenté à ce poste, va devoir trouver la solution pour rassurer les propriétaires du club niçois.
Des mercatos globalement ratés
Outre le manque de continuité au niveau des entraîneurs, le Gym souffre également depuis plusieurs saisons d’un manque de flair sur le marché des transferts. En effet, depuis quatre ans, pas moins de cinquante joueurs ont débarqué sur la Côte d’Azur, soit en prêt, soit dans le cadre d’un achat définitif, soit en tant qu’agent libre. Le moindre que l’on puisse dire, c’est que les décideurs niçois n’ont pas été très inspirés, puisque mis à part Hicham Boudaoui (4M€ en 2019), Amine Gouiri (7M€ en 2020) et Jean-Clair Todibo (8,5M€ en 2021), aucune recrue n’a vraiment été une franche réussite puisque Khephren Thuram, arrivé en 2019, avait été attiré par la direction menée par Gauthier Ganaye et Gilles Grimandi, soit un mois avant le rachat d’INEOS.
Il faut dire qu’avant l’arrivée du directeur sportif Florent Ghisolfi en octobre dernier en provenance de Lens, INEOS a même connu des cuisants échecs comme Stanley Nsoki (acheté 12,5M€ à Paris en 2019) ou encore Robson Bambu (8M€ à Paranaense) pour ne citer qu’eux. La saison dernière, une dizaine de joueurs a débarqué à Nice sans qu’il y ait de concertation directe avec Lucien Favre, revenu au club avec l’idée de ramener le beau jeu à Nice qui avait disparu depuis le départ du technicien suisse en 2018. On ne savait pas trop qui était le maître à bord au niveau du mercato (Ratcliffe, Brailsford, Rivère ?), et l’impression dominante du club vu de l’extérieur était que chacune des composantes de l’organigramme faisait ses choix de son côté.
Des résultats en dents de scie
En conséquence de ce qui vient d’être évoqué, il est ainsi compliqué pour Nice d’enchaîner les saisons de bonne qualité. Le Gym s’affirme depuis plusieurs saisons comme une équipe irrégulière et surtout imprévisible, capable de poser des problèmes aux cadors du championnat (victoires à Monaco, à Marseille, à Lens puis contre Rennes, Lille et Lyon depuis janvier 2023 en Ligue 1) comme de s’effondrer contre des équipes largement à sa portée (défaites à Brest, contre Clermont et à Strasbourg sur la même période). Si les blessures récurrentes de certains éléments (Atal, Claude-Maurice) n’ont effectivement pas aidé l’OGC Nice depuis plusieurs saisons, le constat des performances en dents de scie semble se répéter année après année, ce qui agace profondément les supporters.
Le bilan d’INEOS aurait cependant pu être de meilleure qualité si Nice n’était pas passé à côté de sa finale de Coupe de France contre Nantes en 2022 (0-1), et si les joueurs de Didier Digard n’avaient pas joué avec la peur au ventre en quart de finale de Conférence League face au FC Bâle en avril dernier (2-2, 1-2 a.p.) où Nice s’est sabordé après avoir mené au score pendant la quasi totalité du match retour. Cependant, Nice est incapable de se hisser sur le podium de la Ligue 1 depuis 2017 (soit avant l’arrivée d’INEOS) et malgré le fait que ce dernier soit à la tête du cinquième budget de l’élite, les investissements consentis ces dernières années ont rarement apporté une plus-value à l’équipe. Ainsi, beaucoup de joueurs arrivés ne sont restés que sur une courte période.
Les fidèles supporters azuréens s’impatientent sérieusement, estimant que le projet n’a toujours pas véritablement décollé. Pour le moment, force est de constater que Nice stagne depuis plusieurs années et n’a pas trouvé l’étincelle qui aurait permis au Gym de grandir plus rapidement, même s’il était compliqué d’imaginer Nice avoir des résultats dès la première saison d’INEOS. L’effectif manque de stabilité et change trop d’une saison sur l’autre malgré un grand nombre de joueurs talentueux dans le groupe, et le constat peut être effectué à chaque intersaison désormais. Jusqu’à un déclic ? Seul l’avenir nous le dira, mais à l’heure actuelle, les résultats sont décevants pour une société qui se veut ambitieuse et qui a surtout les moyens de faire beaucoup mieux.