Opinion | Le paradoxe David De Gea

Opinion | Le paradoxe David De Gea

Lorsque la fin de saison pointe le bout de son nez, un étrange dilemme se pose dans les têtes de la direction mancunienne: Doit-elle conserver le portier Espagnol ou enfin s’en débarrasser? Et pour la première option, une alternative se propose avec l’idée de faire passer l’ancien de l’Atletico de Madrid dans une position de doublure, au profit, par exemple, d’un Dean Henderson de retour de son prêt de Nottingham Forest.

Dans tous les cas de figure, les performances de l’intéressé laissent beaucoup trop d’interrogations qui entendent offrir de longs débats et des cheveux à s’arracher à son entraineur et aux décideurs de sa direction. La faute à des performances irrégulières tout au long de ses dernières années dans la cage des Red Devils. En réalité, nous devons nous pencher plus en profondeur sur toutes les copies rendues de ses matchs lors des saisons précédentes au sein du club Anglais. Pour commencer, observons déjà, simplement, les rencontres de la semaine qui vient de se terminer: La débacle de Séville et la qualification aux forceps contre Brighton…Deux salles, deux ambiances.

La confrontation de quart de finale retour de C3 contre Séville illustre à elle seule un pan qualitatif des performances du dernier rempart de Manchester United: Fébrile à la réception du ballon, dans la relance, dans ses mouvements balle aux pieds, dans son body langage, dans ses sorties pour soulager ses partenaires sur les coups de pied arrêtés et pour s’imposer dans sa surface. Et en face d’une équipe de Séville qui a tout donné pour cette compétition, il ne suffisait que d’une passe dans l’axe pour le seul partenaire, Maguire, dont il ne faut pas donner le ballon quand il est pressé par trois adversaires pour torpiller la qualification de Manchester United au tour suivant. Un autre but encaissé à cause, cette fois, d’un mauvais positionnement de L’espagnol pour continuer le cauchemar des rouges de Manchester. Et pour couronner le tout, le grand David va sortir de façon hasardeuse sur une contre-attaque Sévillane, râter son dégagement et remettre le cuir dans les pieds d’un de ses adversaires qui va clôturer la soirée de Manchester United et sa compétition Européenne. Cette élimination devrait sceller l’opinion des observateurs du Football et des supporteurs de Manchester United sur l’avenir de De Gea au club…Next.

Mais c’est là où brille le plus tranchant des paradoxes pour David De Gea. Il est capable de performances lunaires comme ensuite de prestations complètement solaires. Le plus bel exemple de ces dernières reste dans la confrontation contre Brighton, une belle équipe Anglaise qui propose beaucoup de beau jeu vers l’avant et qui semble être capable de relever le défi de sortir Manchester United. Mais le portier Espagnol ne l’entend pas du tout de cette oreille et s’emploie à étaler le grand jeu avec des arrêts monumentales sur sa ligne pour maintenir son équipe, pas très alléchantes dans la fluidité de son jeu, en vie et d’aller jusqu’aux tirs au but pour éliminer les Seagulls. Même si David ne réussit pas à écarter un penalty (celui qui est râté par Brighton a été envoyé hors du cadre par March), on notera aisément qu’il demeure l’homme de ce match qui aura laissé ses partenaires en vie jusqu’à la qualification en finale.

En moins d’une semaine, David De Gea propose deux partitions aux antipodes l’une de l’autre. Et ce genre de fait ne date de cette semaine. Tout le monde peut avoir en tête un souvenir d’un gros match du portier Espagnol comme celui contre Arsenal, sous l’ère Mourinho. Le gardien de but Espagnol s’emploie avec pas moins de 14 parades pour permettre un magnifique succés contre les gunners: 3-1. Un exploit que très peu de gardiens sont capables de réaliser. Un autre match, celui contre Everton en 2014-2015, durant lequel il écarte un penalty (oui, ça lui arrive) et déloge une frappe puissante en lucarne pour confirmer la victoire. Et toutes les rencontres qui ont vu des parades incroyables qui ont permis de conserver une victoire ou d’éviter une défaite. La liste complète de tous ses faits d’arme serait trop fastidieux à être dressée.

Mais ses prestations abouties durant ses nombreuses années à Manchester United qui lui ont valu longtemps d’être élu le meilleur gardien de Premier League seront souvent ponctuées par des rencontres horribles où le portier réalise des râtés phénoménales. Outre sa très mauvaise partie contre Séville, on ne peut pas oublier la deuxième journée du championnat contre Brentford où il relâche le ballon d’entre ses mains avant de donner un ballon dans l’axe à un partenaire pressé par un adversaire. Ou encore cette longue séance de tirs au but contre Villareal en finale d’Europa League en 2021 dont il est incapable de repousser un penalty pour finalement râter le sien en fin d’exercice. Puis ce match contre Chelsea, en demi-finale de coupe d’Angleterre, en prenant deux buts sur des ballons simples et un troisième en captant puis relachant le cuir dans ses buts. Certains se souviendront du match retour de quart de finale de Ligue des champions contre Barcelone quand il réalise une boulette sur un tir de Messi, annihant la toute dernière chance de retourner la situation. Dans ce domaine non plus, nous ne pourrons pas tout citer de ce qu’on devrait lui reprocher.

Mais si nous nous épanchons sur l’intégralité des rencontres de De Gea sous les couleurs de Manchester United, on ne peut éviter de déclarer que les matchs complètement nullissimes de L’espagnol sont souvent suivi de très grandes parties de sa part. Mais au sein d’un grand club, certes en reconstruction, mais ambitieux qu’est Manchester United, on ne peut plus compter en n°1 sur un gardien qui torpille régulièrement ses partenaires. A ce haut niveau d’exigence, la régularité est obligatoire si on ne veut pas ce genre de déconvenue dans les plus grandes compétitions. Et De Gea est un gardien handicapant tout le long d’une saison quand on a l’objectif d’ouvrir une chasse aux trophées…Ou simplement rétrécir le fossé qui les sépare des meilleurs clubs d’Europe. C’est en cela qu’il faut définitivement tourner la page du dernier élément de l’époque de Ferguson.

 

Chardin Jean-Christophe

 

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